« Olympisme, une histoire du monde »
Musée de l’histoire de l’immigration
Article rédigé par Safidin Alouache
Exposition temporaire du 28 avril au 8 septembre 2024
Les jeux Olympiques, initialement ouvert à l’élite amateur masculine, se sont ouverts et professionnalisés au fil des époques et deviennent aussi, depuis plusieurs décennies, le lieu de revendications politiques. Arène de soft power du pays organisateur, le Musée de l'Histoire de l'Immigration en dessine les contours et les faits marquants qui ont jalonné son histoire depuis que Coubertin en a lancé la 1ère édition en 1896 dans la mère partie, la Grèce, avec 14 nations présentes et 241 athlètes s’affrontant autour de 9 disciplines sportives. Aujourd’hui, 100 ans après les 1ers Jeux Olympiques de Paris (1924), 10 500 athlètes de 206 délégations s'affrontent dans 28 disciplines. D'abord jumelés avec les expositions internationales, pour la 1ère fois en Suède (1912), les Jeux Olympiques deviennent et restent une manifestation autonome. Véritable saga exposée au Musée de l'Histoire de l’Immigration qui, d’une manifestation qui se voulait aussi en dehors de toute considération politique et commerciale, a complètement changé sa raison d’être au fil des éditions en devenant économiquement très dispendieuse, plus ouverte et très populaire. D’ailleurs, une photo de 1900 nous fait découvrir le dortoir des gymnastes aménagé pêle-mêle à même le sol, sans confort et sans équipement. Ce sont des figures oubliées pour certains que l’on redécouvre, comme Ahmed Boughera El Ouafi, champion de France de marathon et qui remporte l’épreuve et une 1ère médaille d’or pour un maghrébin aux JO d’Amsterdam (1928). Il termine sa vie dans l’anonymat et la misère, lui qui fut exclu ensuite des compétitions olympiques car ayant signé un contrat professionnel aux USA pour des spectacles sportifs alors que les JO n’étaient à l'époque réservés qu’aux amateurs. On y redécouvre aussi, entre autres, Suzanne Lenglen, tenniswoman française, icône des JO d'Anvers (1920) et ayant remporté 3 médailles dont 2 en or. Elle bouscule aussi les codes du sport en portant des jupes plissées plus courtes que la tenue de ses concurrentes. Grâce aux combats de figures remarquables qui ont lutté contre les préjugés, restés tenaces, des fondateurs, les JO se sont ouverts au fil des éditions. On y voit ainsi Alice Milliat, nageuse, hockeyeuse et rameuse française, qui est à l’origine de l’équipe de France féminine de football et de son 1er championnat. Devant le refus du CIO d’intégrer les femmes, elle organise des « Olympiades féminines » à Monaco entre 1921 et 1923 et les « Jeux Olympiques féminins » en 1922 à Paris. On redécouvre, filmé, les exploits de Jesse Owens à Berlin (1936) aux 100 mètres et en saut en longueur ayant tourné en ridicule, devant Hitler, la supposée supériorité de la race aryenne. D’autres aussi comme Alfred Nakache, juif algérien français, revenu des camps d’Auschwitz et qui retrouve son meilleur niveau au point d’être sélectionné pour Londres (1948) en 200 mètres brasse et dans l’équipe de water-polo. De même, les Jeux Paralympiques se tiennent officiellement dans le cadre d’une olympiade en 1960 même si depuis 1948, sous l’impulsion du médecin allemand Ludwig Guttman, des athlètes en situation de handicap participaient à des épreuves sportives dans les Jeux de Stoke Mandeville. Des Gay Games, afin de lutter contre les discriminations contre les personnes gays et lesbiennes, ont lieu aussi avec une 1ère édition en 1982 à San Francisco, organisés par le décathlonien Tom Weddel. Il y a eu aussi les 1ers Jeux Internationaux Silencieux organisés en 1924 à Paris avec près de 150 athlètes sourds de 9 pays. Officiellement reconnus en 1955, ces jeux sont appelés aujourd’hui Deaflympics et sont organisés tous les 4 ans. Les GANEFO (GAmes of the New Emerging FOrces), contre-jeux des nations dites « émergentes » et non alignées sur les blocs de l’Ouest et l’Est, ont aussi lieu en 1963 réunissant en Indonésie 51 pays dont l’URSS et la Chine. Sous pression du CIO, elles périclitent rapidement. On y voit aussi de très beaux moments avec le marathonien éthiopien Abebe Bikila, pendant les JO de Rome (1960), où dans une vidéo, accompagnée d'une voix off, on le voit courir pieds nus, lui qui n’avait jamais participé à une compétition internationale mais qui y prend part suite à la défection d’un compatriote blessé. L’Ethiopie avait été envahi par l’Italie fasciste de Mussolini en 1936 et s’est en remontant les rues de Rome, dans le dernier kilomètre, qu'il croise, en leader du marathon et sous peu vainqueur, l'obélisque d’Aksoum subtilisé par l'armée d'Italie pendant la campagne militaire de 1936. Est aussi présente la photo mythique du podium de l’épreuve du 200m avec Tommie Smith et John Carlos à Mexico (1968) levant le poing pour lutter contre la discrimination raciale aux USA. Sur la 2e marche du podium, le coureur australien Peter Norman arbore un badge « Olympic Project for Human Rights », marque de soutien qui lui vaut condamnation du comité australien qui l’écarte des compétitions suivantes. C'est Munich (1972) avec sa tragédie liée au groupe terroriste "Septembre Noir" qui prend en otage et exécute 11 athlètes israéliens. L'écho fut mondial avec aussi la décision de Avery Brundage, président du CIO, de poursuivre les Jeux. Nous avons une interview filmée de Magdi Gohary l'un des négociateurs lors de la prise d'otages qui en explique les coulisses. Le nageur américain, de confession juive, Mark Spitz qui a remporté 7 médailles d’or, est exfiltré par sécurité. Toutes ces évolutions, phases et temps forts, ainsi que beaucoup d’autres, sont présentés et donnent à voir aussi tout le terreau politique revendiqué depuis plus d'un siècle. On y redécouvre ainsi le boycott de 22 pays du continent africain à l'appel de l'OUA (Organisation de l'Unité Africaine) juste avant l'ouverture des JO de Montréal (1976) en raison de la présence de la Nouvelle-Zélande qui conservait encore des relations sportives avec l'Afrique du Sud, elle-même exclue depuis des années par le CIO. La demande d'exclusion n'étant pas acceptée par le CIO, les 22 équipes du continent africain ont dû plier bagages. C'est aussi la guerre froide qui bat son plein à Moscou (1980) et à Los Angeles (1984) où respectivement les équipes américaines et soviétiques boycottent l'événement. Ce sont aussi les JO d’Atlanta (1996) qui ont pris une résolution commerciale et financière particulièrement affirmée avec une présence très forte des marques. C’est enfin la finale du 10 000 mètres à Barcelone (1992) qui délivre un message de paix et d’union grâce à la coureuse éthiopienne Derartu Tulu, après sa victoire face à la Sud-Africaine Elana Meyer, qui tombent dans les bras l’une de l’autre et font un tour d’honneur ensemble. Difficile toutefois de tout décrire car les personnages remarquables avec leurs exploits et les événements sont multiples. La plongée est sportive, historique, sociale et humaine avec des JO toujours en écho aux événements mondiaux car étant le pouls politique et économique d’un monde où les relations entre états se jaugent aussi au travers du sport. Une très belle et riche exposition !
« Olympisme, une histoire du monde » Musée de l’histoire de l’immigration
Du 26 avril au 8 septembre 2024 Du mardi au vendredi de 10h à 17h30. Samedi et dimanche de 10h à 19h. Fermé le lundi. COMMISSARIAT DE L’EXPOSITION Nicolas Bancel, historien (Université de Lausanne) Pascal Blanchard, historien (Université de Lausanne) Yvan Gastaut, historien (Université de Nice Sophia Antipolis) Sébastien Gökalp, conservateur en chef du patrimoine, directeur du Musée de Grenoble Élisabeth Jolys-Shimells, conservatrice en chef du patrimoine, cheffe du service des collections du Musée national de l’histoire de l’immigration Sandrine Lemaire, historienne (CPGE Lycée Jean Jaurès de Reims) Stéphane Mourlane, historien (Aix-Marseille Université)
"Olympism, a history of the world"
Museum of the History of Immigration
Article by: Safidin Alouache
Temporary exhibition from April 28 to September 8, 2024
The Olympic Games, initially open to the male amateur elite, have opened up and professionalized over the years and have also become, for several decades, the place of political demands. Soft power arena of the organizing country, the Museum of the History of Immigration draws the contours and highlights that have marked its history since Coubertin launched the 1st edition in 1896 in the mother part, Greece, with 14 nations present and 241 athletes competing in 9 sports disciplines. Today, 100 years after the 1st Olympic Games in Paris (1924), 10,500 athletes from 206 delegations compete in 28 disciplines. First twinned with international exhibitions, for the first time in Sweden (1912), the Olympic Games became and remained an autonomous event. A real saga exhibited at the Museum of the History of Immigration which, from an event that was also intended to be outside of any political and commercial considerations, has completely changed its raison d'être over the years by becoming economically very expensive, more open, and very popular. In fact, a photo from 1900 shows us the gymnasts' dormitory set up pell-mell on the floor, without comfort and without equipment. Some of them are forgotten figures who are being rediscovered, such as Ahmed Boughera El Ouafi, France marathon champion who won the event and a 1st gold medal for a North African at the Amsterdam Olympics (1928). He ended his life in anonymity and misery, he who was then excluded from Olympic competitions because he had signed a professional contract in the USA for sports shows while the Olympics were at the time only reserved for amateurs. We also rediscover, among others, Suzanne Lenglen, French tennis player, icon of the Antwerp Olympics (1920) and who won 3 medals including 2 gold. She also shakes up the codes of sport by wearing pleated skirts that are shorter than her competitors' outfits. Thanks to the struggles of remarkable figures who fought against the prejudices, which remained tenacious, of the founders, the Olympics opened up over the years. We see Alice Milliat, French swimmer, hockey player and rower, who is at the origin of the France women's football team and its 1st championship. Faced with the IOC's refusal to include women, she organized the "Women's Olympiad" in Monaco between 1921 and 1923 and the "Women's Olympic Games" in 1922 in Paris. We rediscover, filmed, the exploits of Jesse Owens in Berlin (1936) in the 100 meters and long jump having ridiculed, in front of Hitler, the supposed superiority of the Aryan race. Others too, such as Alfred Nakache, a French Algerian Jew who returned from the Auschwitz camps and who regained his best level to the point of being selected for London (1948) in the 200-meter breaststroke and in the water polo team. Similarly, the Paralympic Games were officially held as part of an Olympiad in 1960, although since 1948, at the instigation of the German doctor Ludwig Guttman, athletes with disabilities had participated in sports events at the Stoke Mandeville Games. Gay Games, in order to fight against discrimination against gay and lesbian people, also took place with a 1st edition in 1982 in San Francisco, organized by the decathlete Tom Weddel. There were also the 1st International Silent Games organized in 1924 in Paris with nearly 150 deaf athletes from 9 countries. Officially recognized in 1955, these games are now called Deaflympics and are organized every 4 years. The GANEFO (GAmes of the New Emerging Forces), counter-games of the so-called "emerging" nations and not aligned with the Western and Eastern blocs, also took place in 1963, bringing together 51 countries in Indonesia, including the USSR and China. Under pressure from the IOC, they quickly declined. We also see some very beautiful moments with the Ethiopian marathon runner Abebe Bikila, during the Rome Olympics (1960), where in a video, accompanied by a voice-over, we see him running barefoot, he who had never participated in an international competition but who took part following the defection of an injured compatriot. Ethiopia had been invaded by Mussolini's fascist Italy in 1936 and as he walked up the streets of Rome, in the last kilometer, which he crossed, as the leader of the marathon and soon to be the winner, the obelisk of Axum stolen by the Italian army during the 1936 military campaign. Also present is the mythical photo of the podium of the 200m event with Tommie Smith and John Carlos in Mexico City (1968) raising their fists to fight against racial discrimination in the USA. On the 2nd step of the podium, Australian runner Peter Norman wore an "Olympic Project for Human Rights" badge, a mark of support that earned him condemnation from the Australian committee, which excluded him from subsequent competitions. It was Munich (1972) with its tragedy linked to the terrorist group "Black September" which took hostage and executed 11 Israeli athletes. The echo was worldwide with the decision of Avery Brundage, IOC President, to continue the Games. We have a filmed interview with Magdi Gohary, one of the negotiators during the hostage-taking, who explains what goes on behind the scenes. The American swimmer, of Jewish faith, Mark Spitz, who won 7 gold medals, was exfiltrated for safety. All these developments, phases, and highlights, as well as many others, are presented and also show all the political ground claimed for more than a century. We thus rediscover the boycott of 22 countries on the African continent at the call of the OAU (Organization of African Unity) just before the opening of the Montreal Olympics (1976) because of the presence of New Zealand, which still maintained sporting relations with South Africa, itself excluded for years by the IOC. As the request for exclusion was not accepted by the IOC, the 22 teams from the African continent had to pack their bags. It was also the Cold War that was in full swing in Moscow (1980) and Los Angeles (1984) where the American and Soviet teams boycotted the event, respectively. It was also the Atlanta Olympics (1996) that took a particularly strong commercial and financial resolution with a very strong presence of brands. Finally, it was the 10,000 meters final in Barcelona (1992) that delivered a message of peace and unity thanks to the Ethiopian runner Derartu Tulu, after her victory over the South African Elana Meyer, who fell into each other's arms and did a lap of honor together. However, it is difficult to describe everything because the remarkable characters with their exploits and events are multiple. Diving is sporting, historical, social, and human with the Olympics always echoing world events because it is the political and economic pulse of a world where relations between states are also measured through sport. A very beautiful and rich exhibition!
"Olympism, a history of the world" Museum of the History of Immigration
From April 26 to September 8, 2024 Tuesday to Friday from 10 a.m. to 5:30 p.m. Saturday and Sunday from 10 am to 7 pm. Closed on Mondays. CURATORSHIP OF THE EXHIBITION Nicolas Bancel, historian (University of Lausanne) Pascal Blanchard, historian (University of Lausanne) Yvan Gastaut, historian (University of Nice Sophia Antipolis) Sébastien Gökalp, Chief Curator of Heritage, Director of the Museum of Grenoble Élisabeth Jolys-Shimells, Chief Curator of Heritage, Head of the Collections Department of the National Museum of the History of Immigration Sandrine Lemaire, historian (CPGE Lycée Jean Jaurès de Reims) Stéphane Mourlane, historian (Aix-Marseille University)
« Hector Guimard et la genèse du Métropolitain »
Musée d’Orsay
Exposition temporaire du 16 mars 2024 au 14 juillet 2024
accrochage Hector Guimard et la genèse du Métropolitain Photo: Sophie Crépy
Le musée d'Orsay, avec ses belles et grandes expositions telles que « Inventer l'impressionnisme » qui a lieu jusqu'au 14 juillet, propose aussi l’exposition "Hector Guimard et la genèse du Métropolitain" qui est plus discrète, car située dans une unique salle de 60m², et très intéressante. Durant le XIXe siècle, le transport ferroviaire dans les capitales du monde revêt une grande importance. Après des débats esthétiques sur l’entrée des stations et un concours infructueux à ce sujet, la compagnie générale du Métropolitain fait appel au jeune architecte Hector Guimard (1867-1942). Figure à part qui n’a pas laissé d'héritiers mais des ouvrages comme le castel Béranger, Guimard vogue sur le courant du nouvel Art pour proposer une création d'entourages et édicules du métro parisien, existant encore aujourd’hui, très typiques. On y voit des dessins préparatoires un peu abîmés datant de 1900 au crayon graphite sur papier calque représentant des entrées de métro pour la station Etoile. Il y a aussi de très beaux graphiques d'enseignes d'accès et d'entourages, ces derniers composés d'une balustrade et d’un portique. Guimard en conçoit les modèles avec des articulations qui font penser à des membres d'animaux. Cette perception est personnelle et rejoint, pour la vidéo de Juan Jerez qui parachève l'exposition, l'avis de jeunes architectes qui font allusion, quant à eux, à des membres d'insectes. Cela est dû au fait que les éléments de l'entourage sont reliés par une forme ronde qui fait penser à une rotule quand plus loin, d'autres dessins montrent une composition à la fois fluide et enchevêtrée qui dégage une tension autant musculaire que de mouvements. On y découvre aussi un graphique, au crayon et au fusain, d'un édicule modèle B où l'on voit la précision et le soin apporté par Guimard entre le pilier de fonte et le socle de pierre qui le composent. Le dessin représentant un projet de support d'enseigne pour entourage est lui-aussi superbe de précision. On y voit une pièce fixe, et qui semble pourtant articulatoire, faisant la jonction entre les différents composants. Les œuvres de Guimard sont restées. Chaque jour, des millions de personnes, qui vivent, travaillent ou visitent Paris, prennent le métro via ses entrées. Elles sont Paris et gardent une allure et une architecture dont l’exposition nous fait découvrir les étapes de création. Ses conceptions ont fait des émules comme la ville de Montréal qui en 1967 a construit un entourage, restauré et complété en 2003, à la place Victoria.
Hector Guimard et la genèse du Métropolitain Photo: Sophie Crépy
COMMISSARIAT
Clémence Raynaud, conservatrice en chef Architecture Claire Guitton, chargée d’études documentaires Architecture.
"Hector Guimard and the genesis of the Metropolitan"
Musée d'Orsay
Temporary exhibition from March 16, 2024, to July 14, 2024
The Musée d'Orsay, with its beautiful and large exhibitions such as "Inventing Impressionism" which takes place until July 14, also offers the exhibition "Hector Guimard and the genesis of the Metropolitan" which is more discreet, because it is located in a single room of 60m², and very interesting. During the nineteenth century, rail transport in the capitals of the world was of great importance. After aesthetic debates on the entrance to the stations and an unsuccessful competition on this subject, the Compagnie Générale du Métropolitain called on the young architect Hector Guimard (1867-1942). A special figure who left no heirs but works such as the Castel Béranger, Guimard sailed on the current of the new Art to propose a creation of very typical frames and aedicules of the Paris metro, which still exist today. There are slightly damaged preparatory drawings dating from 1900 in graphite pencil on tracing paper representing metro entrances for the Etoile station. There are also very beautiful graphics of access signs and surrounds, the latter consisting of a balustrade and a portico. Guimard designed the models with joints reminiscent of animal limbs. This perception is personal and joins, for the video by Juan Jerez that closes the exhibition, the opinion of young architects who allude, for their part, to insect limbs. This is due to the fact that the elements of the surroundings are connected by a round shape that is reminiscent of a kneecap, while further on, other drawings show a composition that is both fluid and entangled that gives off a tension as much muscular as movement. There is also a graph, in pencil and charcoal, of a model B aedicule where we see the precision and care taken by Guimard between the cast iron pillar and the stone base of which it is composed. The drawing representing a sign support project for an entourage is also superbly precise. We see a fixed part, and yet one that seems articulatory, making the junction between the different components. Guimard's works have remained. Every day, millions of people, who live, work, or visit Paris, take the metro via its entrances. They are Paris and keep an allure and an architecture whose stages of creation the exhibition makes us discover. His designs have been emulated by the city of Montreal, which in 1967 built an entourage, restored, and completed in 2003, at Place Victoria.
« ARABOFUTURS Science-fiction et nouveaux imaginaires »
Institut du Monde Arabe
Exposition temporaire du 23 avril au 27 octobre 2024
Du mardi au vendredi de 10h à 18h Samedi, dimanche et jours fériés de 10h à 19h
Neïla Czermak Ichti Courtesy de l’artiste et de la galerie Anne Barrault, Paris
C’est une exploration dans l’imaginaire de 17 artistes originaires du Maghreb et du Moyen-Orient ou natifs de ces régions et vivant en Occident à laquelle nous convie l’Institut du Monde Arabe. Autour du regard de différents créateurs venant de France, des Etats-Unis, du Liban, de Jérusalem-est ou du Maghreb, l’Institut du Monde Arabe nous immisce dans un univers imaginaire qui tisse souvent des liens avec la réalité. De ce mariage entre ces 2 espaces-temps se dessine, parfois, une projection d'une actualité sociale ou géopolitique. Nous proposons un aperçu de quelques créations d'entre elles. La plongée dans les méandres de l'imaginaire de nos auteurs nous conduit à découvrir des lieux qui racontent des réalités projetées dans un futur où le récit devient dénonciation d'une oppression coloniale comme pour le beau film « In the future, they ate from the finest porcelain » (2015) de Larissa Sansour, née à Jérusalem-est, et Soren Lind, née au Danemark et vivant toutes les 2 à Londres. On y découvre dans leurs paysages futuristes aux landes parfois désertiques une fable qui raconte un récit construit par des colons niant toute histoire et culture aux colonisés de leur terre arrachée par la violence. Le positionnement politique de ce film et notre actualité font raisonner cette œuvre d'une dimension particulière. Sara Sadik, 2ZDZ, 2019, Vidéo HD, couleur, son Le film « 2ZDZ » (2019) de Sara Sadik, française d'origines algérienne et marocaine, présente, par le biais du reportage, une zone appelée « Zetla Zone », située en 2035, et qui montre de façon ironiquement anthropologique un quartier populaire avec tous les clichés colportés sur ceux-ci. Par le biais de la photographie, place au Gulf futurism, courant fondé par les artistes américano-qatarie Sophia Al-Maria et koweitienne Fatima Al Qadiri qui interroge, pour les pays du Golf, un futur qui semble déjà présent avec des photos satinées provenant de la série « The desert of the unreal » (2012). L'une d'entre elles est composée par un décor blanc, gris, sophistiqué et lisse avec une femme voilée aux habits modernes et clinquants quand Skyseeef, photographe marocain, avec une approche science-fiction dans sa série « Culture is the waves of the future » (2022-2024) nous montre des camions et autos, sans roues, transformés en vaisseaux spatiaux et se déplaçant dans un paysage désertique, vide de toute vie. Sont exposées aussi de très jolies peintures à tendance pointilliste de la peintre libanaise Hala Schoukair dans sa série « Silenced Creases n°12 » (2017-2018) aux contours très lunaires et dans lequel chaque point est un morceau qui se répète presqu'à l’infini dans des camaïeux de couleurs alors que la française Neila Czermak Ichti, peint ses œuvres comme « Erudite » (2021) ou « Je suis seule et toujours seule » (2021) de milles couleurs avec des personnages aux formes humaines ou d’animaux fantastiques, ou en noir et blanc pour « Chienne de vie » (2022) et « Silent Rollercoaster & Bizarre Ride » (2024). Tarek Lakhrissi crée de son côté les bas-reliefs blancs, « The hours » et « The kiss » (2023), où les formes ont une allure étrangement futuriste avec deux dents de vampire qui relient, telle une arche, des lèvres d’un côté quand de l’autre, c’est un visage aux yeux fermés avec des cornes qui laisse planer l’imagination du spectateur vers une vision de monstre ou d’humanité. Skyseeef, Série Culture is the waves of the future, 2024, photographie « Chimère » (2021, 2021, 2024), « Mirage » (2024) et « La grande bleue » (2021) de la créatrice libanaise Souraya Haddad Credoz sont des créations plus concrètes dans leur matérialité représentant des sortes de champignons aux couleurs vives, laissant paraître une perception un peu irréelle d’une nature venue d’ailleurs quand le créateur franco-marocain Hicham Barrada avec ses sculptures froissées aux couleurs vives et mats « Hygre n°1 », « Hygre n°2 » et « Hygre n°3 » (2023), représente des concrétions aux formes accidentées laissant au spectateur le soin de décider de leur nature organique, minérale ou animale. De son côté, l'artiste saoudienne Zahrah Al Ghamdi expose avec « Mycellum Running » (2018-2024) un ensemble de boules de cuir marrons tachetées qui recouvrent, de façon construite et imagée, un sol noir et des murs blancs telle une série de champignons qui recouvrerait un espace vierge et irréel de toute vie. Des sortes de champignons semblent repeupler un univers dénué de vie à cause de l'activité humaine. Elle s'inspire d’ornements et de l’artisanat traditionnel de la région d’Asir situé au sud-ouest de l’Arabie Saoudite. Place aussi à l’archéo-fiction avec Aïcha Snoussi, née à Tunis et vivant entre la France et la Tunisie avec « Chaos archeology » (2022) où de grands rouleaux ocres sont déroulés du plafond au sol, tels des papyrus de temps anciens avec ses inscriptions et « Ouagagods » (2023) avec sa table de chevet bordée de bronzes oxydés. Il montre que le futur s’inscrit aussi dans des temps antiques. Ainsi l’exposition explore par le biais de l’Art les multiples facettes d’une projection de l’avenir construit imaginairement à la fois en dehors d'une référence à la réalité, et proche ou lointain à celle-ci, celle d’une actualité politique, écologique et sociale. Ou quand l'art sait aussi peindre la société en dénonçant sa violence, ses travers ou ses préjugés.
Sara Sadik, 2ZDZ, 2019, Vidéo HD, couleur, son
Skyseeef, Série Culture is the waves of the future, 2024, photographie
Hicham Berrada,Hygre № 3, 2023 © Hicham Berrada, Adagp, Paris, 2024. Courtesy the artist and Mennour, Paris
Commissaire : Élodie Bouffard Commissaire associée : Nawel Dehina
Les artistes exposés sont Zahrah Al Ghamdi, Sophia Al-Maria & Fatima Qadiri with Lyndsy Welgos, Mounir Ayache, Meriem Bennani, Hicham Berrada, Neïla Czermak Ichti, Souraya Haddad Credoz, Ayham Jabr, Tarek Lakhrissi, Sara Sadik, Gaby Sahhar, Larissa Sansour, Hala Schoukair, Aïcha Snoussi, Skyseeef et Ayman Zedani.
"ARABOFUTURS: Science fiction and new imaginaries"
Arab World Institute
Temporary exhibition from April 23 to October 27, 2024
Tuesday to Friday from 10 a.m. to 6 p.m. Saturday, Sunday, and public holidays from 10 am to 7 pm
Souraya Haddad Credoz, Bouquet, 2021 Photo Mansour Dib © Agial Art Gallery. Courtesy Saleh Barakat Gallery
The Institut du Monde Arabe invites us to explore the imagination of 17 artists from the Maghreb and the Middle East or natives of these regions and living in the West. Through the eyes of various creators from France, the United States, Lebanon, East Jerusalem and the Maghreb, the Institut du Monde Arabe takes us into an imaginary universe that often weaves links with reality. From this marriage between these 2 space-times, a projection of social or geopolitical news is sometimes emerging. We offer an overview of some of them. The dive into the meanders of our authors' imagination leads us to discover places that tell of realities projected into a future where the narrative becomes a denunciation of colonial oppression, as in the beautiful film "In the future, they ate from the finest porcelain" (2015) by Larissa Sansour, born in East Jerusalem, and Soren Lind, born in Denmark and both living in London. In their futuristic landscapes with sometimes desert moors, we discover a fable that tells a story constructed by colonists denying any history and culture to the colonized of their land torn away by violence. The political positioning of this film and our current situation make this work of a particular dimension resonate. The film "2ZDZ" (2019) by Sara Sadik, a French woman of Algerian and Moroccan origin, presents, through reportage, an area called "Zetla Zone", set in 2035, and which shows in an ironically anthropological way a working-class neighborhood with all the clichés peddled about them. Through photography, we make way for Gulf futurism, a movement founded by the American-Qatari artists Sophia Al-Maria and the Kuwaiti artist Fatima Al Qadiri which questions, for the Gulf countries, a future that already seems to be present with satin photos from the series "The desert of the unreal" (2012). One of them is complandscape, emptygrey, sophisticated and smooth set with a veiled woman in modern and flashy clothes while Skyseeef, a Moroccan photographer, with a science-fiction approach in his series "Culture is the waves of the future" (2022-2024) shows us trucks and cars, without wheels, transformed into spaceships and moving in a desert landscape, empty of all life. Aïcha Snoussi, Chaos archeology, 2022 2 Also on display are very pretty paintings with a pointillist tendency by the Lebanese painter Hala Schoukair in her series "Silenced Creases n°12" (2017-2018) with very lunar contours and in which each point is a piece that is repeated almost infinitely in shades of color, while the French Neila Czermak Ichti, paints her works such as "Erudite" (2021) or "I am alone and always alone" (2021) in a thousand colors with characters with shapes human or fantastic animals, or in black and white for "of Life" (2022) and "Silent Rollercoaster & Bizarre Ride" (2024). Tarek Lakhrissi created the white bas-reliefs, "The Hours" and "The Kiss" (2023), where the shapes have a strangely futuristic look with two vampire teeth connecting, like an arch, lips on one side while on the other, it is a face with closed eyes and horns that lets the viewer's imagination soar towards a vision of a monster or humanity. "Chimère" (2021, 2021, 2024), "Mirage" (2024) and "La grande bleue" (2021) by Lebanese designer Souraya Haddad Credoz are more concrete creations in their materiality representing a kind of brightly colored mushroom, revealing a slightly unreal perception of nature from elsewhere when the Franco-Moroccan designer Hicham Barrada with his crumpled sculptures in bright and matte colors "Hygre n°1", "Hygre n°2" and "Hygre n°3" (2023), represent concretions with rugged shapes leaving it to the viewer to decide whether they are organic, mineral or animal. For her part, the Saudi artist Zahrah Al Ghamdi exhibits with "Mycellum Running" (2018-2024) a set of mottled brown leather balls that cover, in a constructed and pictorial way, a black floor and white walls like a series of mushrooms that would cover a virgin and unreal space of all life. Fungi seem to be repopulating a universe devoid of life due to human activity. It is inspired by ornaments and traditional crafts from the Asir region located in the southwest of Saudi Arabia. There is also room for archaeo-fiction with Aïcha Snoussi, born in Tunis and living between France and Tunisia with "Chaos archeology" (2022) where large ochre scrolls are unrolled from ceiling to floor, like papyri from ancient times with its inscriptions and "Ouagagods" (2023) with its bedside table lined with oxidized bronzes. He shows that the future is also part of ancient times. Thus, the exhibition explores, through Art, the multiple facets of a projection of the future constructed imaginatively both outside of a reference to reality, and near or far from it, that of political, ecological, and social news. Or when art also knows how to paint society by denouncing its violence, its shortcomings, or its prejudices.
Aïcha Snoussi, Chaos archeology, 2022 2
Hala Schoukair, Silenced Creases N°12, 2018, acrylique sur toile. Courtesy de l’artiste et de la galerie Bessières
Curator: Élodie Bouffard Associate curator: Nawel Dehina
The artists exhibited are Zahrah Al Ghamdi, Sophia Al-Maria & Fatima Qadiri with Lyndsy Welgos, Mounir Ayache, Meriem Bennani, Hicham Berrada, Neïla Czermak Ichti, Souraya Haddad Credoz, Ayham Jabr, Tarek Lakhrissi, Sara Sadik, Gaby Sahhar, Larissa Sansour, Hala Schoukair, Aïcha Snoussi, Skyseeef and Ayman Zedani.
« Etienne Dinet, passions algériennes »
Exposition temporaire du 30 janvier 2024 au 9 juin 2024
Etienne-Dinet, Meddah aveugle chantant l'épopée du prophète ou Le Conteur arabe, vers 1922 © Collection privée D. R
Dans son livre « L’Orientalisme » (1978), l’intellectuel palestino-américain Edward Saïd (1935-2003) retrace pour différents domaines artistiques, la vue édulcorée que pouvaient avoir les artistes et savants, jusqu’après le milieu du XXe siècle, des pays de l’autre côté de la méditerranée et du Moyen-Orient actuel. Chez Étienne Dinet (1861-1929), nulle trace de ces avatars liés à des périodes de colonisation. Son œuvre, en plus de son engagement pour les algériens avec qui il a vécu en s’installant à Bou-Saâda en 1929, recèle d’un réalisme dans la composition de ses créations qui rend compte des souffrances, des joies et des misères d’un peuple, sans maquillage et sans participer à un déni et à un fantasme colonial. L’exposition rend compte de l’œuvre du peintre dans ses aspects autant artistiques, religieux que politiques en essayant de comprendre comment celle-ci, créée à l’époque coloniale, ait pu devenir un marqueur et une identité revendiquée de l’Algérie après son indépendance. Etienne Dinet, Une crue de l’Oued M’ZI, 1890 © Galerie Ary Jan Thomas Hennocque Ce sont d’abord des paysages désertiques qui sont présentés avec un 1er tableau, « Une crue de l’Oued M’ZI » (1890), montrant de très belles tonalités chaudes et froides où cohabitent la sécheresse du lieu aux couleurs ocres et marrons se reflétant dans le bleu de l’eau qui se marie lui-même au ciel. Ces tons se retrouvent dans d’autres tableaux où la rudesse des visages et des endroits aux couleurs orangés se marient avec la vivacité de certains habits qui accrochent le regard du spectateur comme dans « Les bavards à Bou Saâda » (1896) avec le rouge d’un foulard sur des cheveux ou le bleu d’une djeba ainsi que celle rouge vive d’un personnage dans « Sur une terrasse, un jour de fête à Bou-Saâda » (1908). Se mêlent, selon les peintures, des femmes, des hommes, des enfants, des personnes âgées, happés souvent comme par surprise dans leurs faits et gestes dans leur quotidienneté, à même leur vécu. Pas de romance dans l’approche où leurs regards sont rarement en direction du spectateur sauf pour quelques portraits comme dans le superbe « Homme au grand chapeau » (1901) et « Jeune fille de Bou-Saâda » (1892). Ce sont aussi de nombreux moments volés comme dans « La dispute » (1904) où 2 jeunes garçons habillés de leurs djellabas blanches aux reflets bleus, pour marquer les ombres des replis au soleil, s’empoignent avec des visages très expressifs. Etienne Dinet, Esclave d'amour et Lumière des yeux © RMN Grand Palais (musée d'Orsay) Hervé Lewandowski Pour le thème « L’ambiguïté d’une exaltation charnelle » de l’exposition, la sexualité et les corps sensuels féminins se découvrent soit seuls, soit en pleine gourmandise d’embrassades dans les quartiers réservés à ce type de pratique. Dans « Martyr d’amour » (1911), un homme se prélasse dans les bras de 4 femmes, tous habillés et au grand air comme dans « Le printemps des cœurs » (1904) où dans un même élan lubrique qui reste cantonné aux embrassades, les sourires et la joie sur les visages irradient ces 2 tableaux dans de superbes couleurs aux tonalités froides et chaudes baignées d’ombres et de lumières. Le très beau « Sur les terrasses, clair de lune à Laghouat » (1897) laisse découvrir la nudité de 2 femmes, l’une allongée et l’autre assise, dans des couleurs sombres se mariant à la blancheur du sol et d’un drap. Les nus aux couleurs mats et ocres comme « Au bord de l’oued » (1900) et « Deux baigneuses » (1911) sont toujours en extérieur dans des moments de repos. Plus loin, c’est le visage religieux de l’œuvre du peintre qui est présenté, Dinet s’étant converti à l’Islam en 1913, avec entre autres, les très belles créations « Le muezzin » (1922) et « Groupe observant le croissant de lune » (1909). Le tableau « Meddah aveugle chantant l’épopée du prophète ou le conteur arabe » (1922) est une très belle composition où le magnétisme du vieil homme avec sa darbouka et l’attention portée à celui-ci par quelques protagonistes est intense et habille l’œuvre d’un voile de légende. Dans des tableaux beaucoup plus en rapport avec la pratique religieuse, il y a, entre autres, « Es Sodjoud ou la prosternation, prière au lever du jour » toujours dans les mêmes tonalités chaudes pour nous rappeler le désert avec 5 hommes courbés, front au sol en train de prier dont l’un avec une djellaba de couleur vive. Le tableau « Le vieil écrivain traditionaliste du désert » (1922) est dans une composition aux couleurs très claires qui se fondent avec le décor. La peau du vieil homme est de couleur beaucoup plus chaude et sa valeur un peu sombre s’appuie sur le vert très vif d’une petite bouteille d’encre posée au sol. Cette huile sur carton a servi d’illustration du livre « La vie de Mohamed, prophète d’Allah » (1918). Suivent d’autres illustrations faites par Dinet pour « Le Roman d’Antar » (1898), épopée chevaleresque antéislamique en prose poétique, sous forme essentiellement de lavis puis une dernière peinture à l’huile avec « Un forcené » (1904) où l’action d’une foule essayant de retenir un homme hanté par la colère montre une grande expressivité des corps et des visages dans des couleurs toujours aussi mats, ocres et claires comme couvertes d’un voile fin de la poussière du Sahara. C’est une très belle exposition qui lève, dans un panorama très riche, un voile du mystère Etienne DINET, devenue icône de la peinture algérienne, grâce à ses multiples contributions artistiques, politiques et sociales pour l’Algérie colonisée en permettant de bâtir aujourd’hui un pont entre elle et la France, loin des souvenirs douloureux de la colonisation et de la guerre.
Etienne Dinet, Une crue de l’Oued M’ZI, 1890 © Galerie Ary Jan Thomas Hennocque
Etienne Dinet, Esclave d'amour et Lumière des yeux © RMN Grand Palais (musée d'Orsay) Hervé Lewandowski
Etienne Dinet, Les Bavards à Bou Saâda, 1896 © Galerie Ary Jan Thomas Hennocque
Commissariat : Mario Choueiry
"Etienne Dinet, Algerian passions"
Temporary exhibition from January 30, 2024, to June 9, 2024
Etienne-Dinet, Sur une terrasse, un jour de fête à Bou Saâda, 1906 © Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole Frédéric Jaulmes
In his book "Orientalism" (1978), the Palestinian-American intellectual Edward Said (1935-2003) retraces the watered-down view that artists and scholars could have, until after the middle of the twentieth century, of the countries on the other side of the Mediterranean and the present-day Middle East. In the work of Etienne Dinet (1861-1929), there is no trace of these avatars linked to periods of colonization. His work, in addition to his commitment to the Algerians with whom he lived when he settled in Bou-Saâda in 1929, contains a realism in the composition of his creations that reflects the sufferings, joys and miseries of a people, without make-up and without participating in denial and a colonial fantasy. The exhibition gives an account of the painter's work in its artistic, religious, and political aspects, trying to understand how it, created during the colonial era, could have become a marker and a claimed identity of Algeria after its independence. Etienne-Dinet, Le printemps des cœurs, 1904 © Musée des Beaux Arts de Reims Christian Devleeschauwer First of all, desert landscapes are presented with a 1st painting, "A flood of the Oued M'ZI" (1890), showing very beautiful warm and cold tones where the dryness of the place coexists in ochre and brown colors reflected in the blue of the water which itself blends with the sky. These tones are found in other paintings where the harshness of the faces and the places in orange colors blend with the vivacity of certain clothes that catch the viewer's eye, as in "The Talkers in Bou Saâda" (1896) with the red of a scarf on hair or the blue of a djeba as well as the bright red of a character in "On a Terrace, a feast day in Bou-Saâda" (1908). Depending on the painting, women, men, children, and the elderly mingle, often caught up as if by surprise in their daily actions and gestures, in their own lives. There is no romance in the approach where their gaze is rarely in the direction of the viewer except for a few portraits as in the superb "Man with the Big Hat" (1901) and "Young Girl of Bou-Saâda" (1892). There are also many stolen moments, as in "The Dispute" (1904) where 2 young boys dressed in their white djellabas with blue reflections, to mark the shadows of the folds in the sun, grapple with very expressive faces. For the theme "The ambiguity of a carnal exaltation" of the exhibition, sexuality and female sensual bodies are discovered either alone, or in the midst of a greed for kissing in the quarters reserved for this type of practice. In "Martyr d'amour" (1911), a man lounges in the arms of 4 women, all dressed and in the open air as in "The Spring of Hearts" (1904) where in the same lustful impulse that remains confined to hugs, the smiles and joy on the faces radiate these 2 paintings in superb colors with cold and warm tones bathed in shadows and lights. The very beautiful "On the Terraces, Moonlight in Laghouat" (1897) reveals the nudity of 2 women, one lying down and the other sitting, in dark colours blending with the whiteness of the floor and a sheet. Nudes in matte and ochre colours such as "On the Edge of the Wadi" (1900) and "Two Bathers" (1911) are always outdoors in moments of rest. Further on, it is the religious face of the painter's work that is presented, Dinet having converted to Islam in 1913, with, among others, the very beautiful creations "The Muezzin" (1922) and "Group Observing the Crescent Moon" (1909). The painting "Blind Meddah singing the epic of the prophet, or the Arab storyteller" (1922) is a very beautiful composition in which the magnetism of the old man with his darbuka and the attention paid to him by some of the protagonists is intense and dresses the work with a veil of legend. In paintings much more related to religious practice, there are, among others, "Es Sodjoud or prostration, prayer at sunrise" always in the same warm tones to remind us of the desert with 5 men bent over, forehead on the ground praying, one of whom with a brightly colored djellaba. The painting "The Old Traditionalist Writer of the Desert" (1922) is in a composition with very light colours that blend in with the décor. The old man's skin is much warmer in colour, and his somewhat dark value is based on the very bright green of a small bottle of ink placed on the ground. This oil on cardboard was used as an illustration for the book "The Life of Muhammad, Prophet of Allah" (1918). This was followed by other illustrations made by Dinet for "Le Roman d'Antar" (1898), an ante-Islamic chivalric epic in poetic prose, essentially in the form of washes, and then a final oil painting with "Un forcené" (1904) where the action of a crowd trying to hold back a man haunted by anger shows a great expressiveness of bodies and faces in colors that are still as matte as ever, ochre and clear as if covered with a thin veil of the dust of the Sahara. It is a very beautiful exhibition that lifts, in a very rich panorama, a veil of the mystery of Etienne DINET, who has become an icon of Algerian painting, thanks to his multiple artistic, political, and social contributions to colonized Algeria by building a bridge between it and France, far from the painful memories of colonization and war. Etienne Dinet, Homme au grand chapeau, 1901 © musée d’Orsay Curator: Mario Choueiry
Etienne-Dinet, Le printemps des cœurs, 1904 © Musée des Beaux Arts de Reims Christian Devleeschauwer
Etienne Dinet, Homme au grand chapeau, 1901 © musée d’Orsay
Curator: Mario Choueiry
« Revenir du présent, regards croisés sur la scène actuelle »
La Collection Lambert invite POUSH
Exposition temporaire du 10 février 2024 au 12 mai 2024
Il s'agit d'un lieu de création artistique du grand Paris baptisé POUSH, où foisonnent plus de 270 artistes avec ses programmes et ses événements. Créé par Hervé Digne et Laure Confavreux-Colliex, POUSH a ouvert ses portes en 2020 en région parisienne à Ivry et continue son aventure depuis avril 2022 à Aubervilliers en développant et en promouvant des lieux de création pluridisciplinaires pour les artistes dans une optique internationale. La collection Lambert en accueille 38 de ceux-ci avec des approches très variées. L'exposition y présente leurs œuvres. Difficile de toutes les répertorier, aussi nous proposons un éclairage de quelques-unes d'entre-elles. Dans la 1ère salle, pour le thème "À l'orée du bois", Laura Sellies propose une mise en espace dans "Soit je suis morte soit je deviens oiseau" par le biais phonique avec 3 mobiles en acier en forme d'ailes. Plus loin, une série de tableaux et de sculptures à la trame animalière se confond aussi bien avec la fable qu'avec l'imaginaire de ses créateurs. Des œuvres, telles que celles de Matisse Mesnil et Anne Le Troter, dénoncent aussi le capitalisme dans son essence et la marchandisation des corps avec, entre autres, une femme dessinée en métal devenue objet sexuel ou un banc construit avec de gros fils de chantier rendant dépendant le repos au travail. Pour le thème "Rose is a rose is a rose is a rose", Ugo Schildge avec sa peinture "Nature morte mécanique" utilise intelligemment une transmission mécanique pour mettre en exergue l'industrialisation des fruits. Cet ajout, par le biais de chaînes qui relie entre elles un mécanisme simulant un traitement industriel, donne de son œuvre une allure à la fois fixe et mouvante. Ou son "Champs de fleurs" en bois, béton et pigments qui laisse voir un tableau aux couleurs chaudes, ocres et brunes où la présence humaine et animale est occultée sauf au travers de squelettes comme si la Nature était autant sources de vie, de mort que de déjections et que l'humain n'en était pas un élément indispensable. Dans une autre grande salle, les peintures de Cyril Debon donnent aux fruits et légumes un aspect poétiquement sexuel. Là, la Nature devient source de plaisir et de fécondité comme si chaque fruit devenait un élément de reproduction. Pour le thème "Les choses de la vie", des œuvres comme celles d'Edward Sene en aluminium et mobiliers urbains donne, par un biais artistique de composition, un reflet des villes dans un aspect brut et massif. Plus poétique et symbolique, Pascal Hachem dans "Blue collar/White collar" utilise des outils de chantier de construction pour rendre compte d'une résistance, d'un refus voire d'une automutilation des travailleurs. Dans "Just democracy" du même artiste, par le biais d'un faitout représenté dans sa matérialité, un morceau est découpé comme une part de gâteau. La démocratie est appréhendée comme un enjeu communautaire et non individualiste. Avec Marlon de Azumbuja, dans "Brutalismo", c'est un ordonnancement de briques, de tuiles et de parpaings rangés de façon symétrique qui est proposé. Nous sommes dans la mouvance de Marcel Duchamp avec le Ready Made, posant le bien-fondé d'une approche audacieuse faite il y a plus d'un siècle. Là, Azumbuja y apporte une beauté et une cohérence géométrique dans un travail d'ordonnancement et de composition. Dans une autre veine, Pol Taburet, avec ses clous rouillés à taille humaine dans "Fork Melody", nous symbolise un ensemble de contrariétés psychiques. Plus loin, de beaux tableaux de Gaëlle Choisne nous dévoilent un paysage d'horizons différents du monde dans une approche mariant collages et peintures aux couleurs sombres et chaudes en y mêlant des matériaux multiples. La musique, les effets sonores et la voix sont aussi utilisés pour bon nombre de créations permettant d'ajouter, selon celles-ci, une dimension autre d'interpellation, d'atmosphère ou d'accompagnement musical et chanté comme pour les 2 vidéos de Carla Aldra "Ça te colle à la peau" qui clôt l'exposition. Elle est très riche et variée et montre différentes trajectoires artistiques où la ville et sa composante humaine est appréhendée dans ses environnements pluriels autant politiques, économiques qu'urbains. Seul point mineur, certains cartels sont parfois difficiles à mettre en relation avec les œuvres. D'où l'heureuse importance des médiateurs dans les salles.
Commissaires de l’exposition : Stéphane Ibars et Yvannoé Kruger Les artistes : Carla Adra, Mathilde Albouy, Estèla Alliaud, Hugo Avigo, Marlon de Azambuja, Abdelhak Benallou, Djabril Boukhenaissi, Apollinaria Broche, Grégory Chatonsky, Salomé Chatriot, Gaëlle Choisne, Max Coulon, Morgan Courtois, Cyril Debon, Julian Farade, Clédia Fourniau, Laura Garcia Karras, Gerard & Kelly, Célia Gondol, Pascal Hachem, Arash Hanaei, Ittah Yoda, Michel Jocaille, Nika Kutateladze, Anne Le Troter, Matisse Mesnil, Daniel Otero Torres, Margot Pietri, Luca Resta, Edgar Sarin, Ugo Schildge, Laura Sellies, Erwan Sene, Pol Taburet, Félix Touzalin, Dune Varela, Marie de Villepin, Xolo Cuintle.
"Coming back from the present, crossed views on the current scene."
The Lambert Collection invites POUSH.
Temporary exhibition from February 10, 2024, to May 12, 2024
It is a place of artistic creation in Greater Paris called POUSH, where more than 270 artists abound with its programs and events. Created by Hervé Digne and Laure Confavreux-Colliex, POUSH opened its doors in 2020 in the Paris region in Ivry and continues its adventure since April 2022 in Aubervilliers by developing and promoting multidisciplinary places of creation for artists with an international perspective. The Lambert collection hosts 38 of them with a wide variety of approaches. The exhibition presents their works. It is difficult to list them all, so we offer a look at some of them. In the 1st room, for the theme "At the edge of the wood", Laura Sellies proposes a spatial arrangement in "Either I am dead, or I become a bird" by means of sound with 3 steel mobiles in the shape of wings. Further on, a series of paintings and sculptures with an animal plot merges as much with the fable as with the imagination of its creators. Works, such as those of Matisse Mesnil and Anne Le Troter, also denounce capitalism in its essence and the commodification of bodies with, among other things, a woman drawn in metal that has become a sexual object or a bench built with large construction wires making rest at work dependent. For the theme "Rose is a rose is a rose is a rose", Ugo Schildge with his painting "Mechanical Still Life" cleverly uses a mechanical transmission to highlight the industrialization of fruit. This addition, by means of chains that link together a mechanism simulating industrial processing, gives his work a look that is both fixed and moving. Or his "Fields of Flowers" in wood, concrete and pigments which reveals a painting in warm, ochre, and brown colors where the presence of humans and animals is hidden except through skeletons as if Nature were as many sources of life, death as of excrement and that humans were not an indispensable element. In another large room, Cyril Debon's paintings give fruit and vegetables a poetically sexual aspect. There, Nature becomes a source of pleasure and fecundity, as if each fruit became an element of reproduction. For the theme "Thgivesings of Life", works such as those of Edward Sene in aluminum and street furniture give, through an artistic means of composition, a reflection of cities in a raw and massive aspect. More poetic and symbolic, Pascal Hachem in "Blue collar/White collar" uses construction site tools to account for the resistance, refusal, or even self-mutilation of workers. In "Just democracy" by the same artist, through a Dutch oven represented in its materiality, a piece is cut like a slice of cake. Democracy is understood as a community issue and not an individualistic one. With Marlon de Azumbuja, in "Brutalismo", it is an arrangement of bricks, tiles and cinder blocks arranged symmetrically that is proposed. We are in the vein of Marcel Duchamp with the Ready Made, laying down the merits of a bold approach made more than a century ago. Here, Azumbuja brings beauty and geometric coherence to a work of ordering and composition. In another vein, Pol Taburet, with his rusty human-sized nails in "Fork Melody", symbolizes a set of psychic annoyances. Further on, beautiful paintings by Gaëlle Choisne reveal a landscape of different horizons from the world in an approach combining collages and paintings in dark and warm colors by mixing multiple materials. Music, sound effects and voice are also used for many of the creations to add, according to them, another dimension of questioning, atmosphere, or musical and sung accompaniment as for the 2 videos of Carla Aldra "Ça te colle à la peau" which closes the exhibition. It is very rich and varied and shows different artistic trajectories where the city and its human component are apprehended in its plural political, economic, and urban environments. The only minor point is that some labels are sometimes difficult to relate to the works. Hence the happy importance of mediators in the rooms.
Exhibition curators: Stéphane Ibars and Yvannoé Kruger The artists: Carla Adra, Mathilde Albouy, Estèla Alliaud, Hugo Avigo, Marlon de Azambuja, Abdelhak Benallou, Djabril Boukhenaissi, Apollinaria Broche, Grégory Chatonsky, Salomé Chatriot, Gaëlle Choisne, Max Coulon, Morgan Courtois, Cyril Debon, Julian Farade, Clédia Fourniau, Laura Garcia Karras, Gerard & Kelly, Célia Gondol, Pascal Hachem, Arash Hanaei, Ittah Yoda, Michel Jocaille, Nika Kutateladze, Anne Le Troter, Matisse Mesnil, Daniel Otero Torres, Margot Pietri, Luca Resta, Edgar Sarin, Ugo Schildge, Laura Sellies, Erwan Sene, Pol Taburet, Félix Touzalin, Dune Varela, Marie de Villepin, Xolo Cuintle.
« BONNARD ET LE JAPON »
Caumont Centre d’art Aix en Provence
Exposition temporaire du 30 avril 2024 au 6 octobre 2024
C'est une plongée qui nous amène à la fin du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle que nous propose l'hôtel de Caumont où une révolution culturelle démarrait avec l'influence japonaise sur les arts du vieux continent avec l'ère Meïji (1852-1912) qui ouvrait le Japon à l'Occident. La date précise de l'influence de l'art nippon sur Pierre Bonnard (1867-1947), surnommé le Nabi très japonard en référence au mouvement Nabi dont il fut l'un des créateurs, n'est pas connue avec peut-être toutefois à l'origine de celle-ci, en 1890, une grande exposition de gravure japonaise qui s'est déroulée à l'école des Beaux-Arts. Tous les jalons artistiques de ses créations sont passés en revue. Son œuvre riche et novatrice, en dehors des courants avant-gardistes, est présentée par thème permettant d'articuler les différentes facettes de celle-ci. Dans chaque salle se trouvent des estampes des peintres japonais Utagawa Hiroshige (1797-1858) et Utagawa Kuniteru (1830-1874). Grands ambassadeurs de l'Ukiyo-e, ils ont influencé plusieurs générations d'artistes à partir du milieu du XIXe siècle en Occident. Est exposé le très beau détrempé "Femmes au jardin" (1891), composé de 4 parties où Bonnard représente des portraits de femmes, en vertical et sans perspective, aux couleurs remarquables mariant à chaque fois la protagoniste principale avec l'ensemble du tableau. Chef d'œuvre de jeunesse qui a été remarqué aux salons des Indépendants en mars 1891, il considérait son travail comme des panneaux décoratifs dont chacun pouvait être aussi bien dépendant que complémentaire aux autres. De cette influence, l'exposition nous amène à parcourir sur près de 5 décennies des œuvres où est mis, entre autres, en exergue la maîtrise de la représentation de la vitesse par le peintre dans "Le tramway vert" (1905) et la lithographie "Place le soir" (1895-1899) où le mouvement est décliné avec des pleins et des déliés pour la 1ère et avec une couleur vive sur un fond obscur pour la 2nde. Le thème étrangement intitulé "Scènes de la vie familière" traite de la présence animalière dans un cadre privé et domestique en animal de compagnie ou en portrait avec chat, chien, coq et ours. Le cadre familial est aussi mis en avant avec, entre autres, "Scène de famille" (1892), une lithographie en 3 couleurs et "Jeune femme et enfant dans la rue" (1891-1892), dans une grande variété d'approches dans les couleurs, la disposition des plans et les regards absorbés ou absents des protagonistes. L'exposition met en exergue la maîtrise de Bonnard dans son approche photographique afin de capter par effraction un instant de surprise comme dans "La nappe blanche" (1925). Dans "Conversation provençale" (1911), "Déjeuner des enfants" (1897) et "Le crépuscule au phare d'Uhlenhorst" (1913), le temps semble suspendu comme celui d'un moment de sieste pour le 1er, d’un repas silencieux pour le 2e, d’un instant figé dans une soirée animée pour le 3e, le tout dans de magnifiques couleurs claires et sombres. Le Japon associe les heures aux signes du zodiaque. Le thème "L'heure du tigre" est consacré à la nudité car cette dénomination correspond à la tranche horaire de 3h à 5h du matin quand les clients des maisons closes quittent leurs courtisanes. On y découvre de très beaux nus comme "Nu à la lumière" (1908) et "Nu debout de dos devant la cheminée" (1913) où la blancheur du corps pour chaque tableau est mise en lumière par le bleu des ombres de la peau, habillée par les couleurs clairs de la pièce, et un peu plus chaudes et sombres pour la 2nde peinture. Le dernier thème "Hanami" célèbre le renouveau de la Nature après l'hiver. On y voit là-encore une nouvelle facette du talent de Bonnard avec, entre autres, la superbe huile sur toile "L'amandier en fleurs" (1930) dans une attitude toute verticale de l'arbre habillé de magnifiques couleurs claires pour sa floraison avec en arrière-fond un bleu cru et habilement faussement éclatant du ciel. L'exposition montre aussi son approche plurielle où il reprend les différentes thématiques sociales et artistiques des maîtres nippons en les traitant dans une trajectoire toute personnelle, le tout sur des supports et des techniques aussi variés que l'huile sur toile, la lithographie, le pastel ou l'encre de chine. L’hôtel de Caumont propose aussi un film sur la technique de l'estampe japonaise avec gravure sur bois de "Sous la vague au large de Kanagawa" de Katsushika Hokusai (1760-1849) et se clôt par une création immersive des œuvres exposées.
COMMISSARIAT : Isabelle Cahn PRODUCTION ET RÉALISATION Emmanuelle Lussiez : Directrice des expositions de Culturespaces Milly Passigli : Directrice déléguée de la programmation des expositions Madeleine Balansino : Responsable des expositions de Caumont-Centre d’Art Livia Lérès et Domitille Sechet pour l’iconographie au sein de Culturespaces.
"BONNARD AND JAPAN"
Caumont Centre d'art Aix en Provence
Temporary exhibition from April 30, 2024, to October 6, 2024
It is a dive that takes us to the end of the nineteenth century to the middle of the twentieth century that the Hôtel de Caumont offers us, where a cultural revolution began with the Japanese influence on the arts of the old continent with the Meiji era (1852-1912) which opened Japan to the West. The precise date of the influence of Japanese art on Pierre Bonnard (1867-1947), nicknamed the very Japanese Nabi in reference to the Nabi movement of which he was one of the creators, is not known, although it may have been at the origin of this exhibition, in 1890, a major exhibition of Japanese engraving that took place at the École des Beaux-Arts. All the artistic milestones of his creations are reviewed. His rich and innovative work, outside of avant-garde trends, is presented by theme allowing the different facets of it to be articulated. In each room are prints by Japanese painters Utagawa Hiroshige (1797-1858) and Utagawa Kuniteru (1830-1874). Great ambassadors of Ukiyo-e, they influenced several generations of artists from the mid-nineteenth century in the West. Exhibited is the very beautiful soggy "Women in the Garden" (1891), composed of 4 parts where Bonnard represents portraits of women, in vertical and without perspective, in remarkable colors marrying each time the main protagonist with the whole painting. A youthful masterpiece that was noticed at the Salon des Indépendants in March 1891, he considered his work as decorative panels on which each could be as dependent as complementary to the others. From this influence, the exhibition takes us on a journey over nearly 5 decades of works in which the painter's mastery of the representation of speed in "The Green Tramway" (1905) and the lithograph "Place le soir" (1895-1899) is highlighted, where movement is declined with full and thin lines for the 1st and with a bright colour on a dark background for the 2nd. The theme strangely titled "Scenes from Familiar Life" deals with the presence of animals in a private and domestic setting as a pet or as a portrait with cat, dog, rooster, and bear. The family setting is also highlighted with, among others, "Family Scene" (1892), a lithograph in 3 colours and "Young Woman and Child in the Street" (1891-1892), in a wide variety of approaches in the colours, the arrangement of the shots and the absorbed or absent looks of the protagonists. The exhibition highlights Bonnard's mastery in his photographic approach in order to capture a moment of surprise by breaking and entering, as in "The White Tablecloth" (1925). In "Provençal Conversation" (1911), "Children's Luncheon" (1897) and "Twilight at the Uhlenhorst Lighthouse" (1913), time seems to stand still like that of a nap for the 1st, a silent meal for the 2nd, a moment frozen in a lively evening for the 3rd, all in magnificent light and dark colours. Japan associates the hours with the signs of the zodiac. The theme "The Hour of the Tiger" is devoted to nudity because this name corresponds to the time slot from 3 a.m. to 5 a.m. when brothel customers leave their courtesans. We discover very beautiful nudes such as "Nude in the Light" (1908) and "Nude Standing from Back in Front of the Fireplace" (1913) where the whiteness of the body for each painting is highlighted by the blue of the shadows of the skin, dressed by the light colors of the room, and a little warmer and darker for the 2nd painting. The last theme "Hanami" celebrates the renewal of Nature after winter. Here again, we see a new facet of Bonnard's talent with, among others, the superb oil on canvas "The Almond Tree in Bloom" (1930) in a very vertical attitude of the tree dressed in magnificent light colors for its flowering with a raw and skilfully deceptively bright blue of the sky in the background. The exhibition also shows his plural approach where he takes up the different social and artistic themes of the Japanese masters by treating them in a very personal trajectory, all on supports and techniques as varied as oil on canvas, lithography, pastel, or Indian ink. The Hôtel de Caumont also offers a film on the technique of Japanese printmaking with wood engraving of "Under the Wave Off Kanagawa" by Katsushika Hokusai (1760-1849) and closes with an immersive creation of the works on display.
« Entre les lignes. Art et littérature »
MO.CO. MOntpellier COntemporain
Exposition temporaire du 2 mars 2024 au 19 mai 2024
MO.CO. Du mardi au dimanche, de 11h à 19h (juin-septembre) et de 11h à 18h (octobre-mai) MO.CO. Panacée Du mercredi au dimanche, de 11h à 19h (juin-septembre) et de 11h à 18h (octobre-mai)
C'est une vaste exploration des relations entre la littérature et les arts qui est proposée au MO.CO. à Montpellier. On y découvre au préalable les prémisses de ce qui allait devenir la critique d'art avec Diderot, Baudelaire et Zola. Les figures, entre autres, de Paul et Camille Claudel, Huysmann, Ingres, Beauvoir, Giacometti, Miro, Malraux sont esquissées pour nous replonger dans une époque où les grands écrivains jusqu'au XXe siècle pouvaient être aussi témoins avisés des révolutions artistiques ou découvreurs de talents. Camille CLAUDEL L'Implorante, (petit modèle), 1890 – 1907 Ainsi c'est une relation entre ces 2 arts qui nous est contée sur une période de près de 250 ans. Au-delà de certaines figures célèbres, il y a aussi un film où une dizaine d'artistes contemporains racontent leur lien à la littérature lors de leur travail de création. Puis nous découvrons les relations et la complicité artistiques qui peuvent s'établir entre artistes avec Maryline Desbiolles et Bernard Pagès, Daniel Rondeau et Eduardo Arroyo, Christine Angot et Patrick Bouchain avec un pas de côté pour Angot et son rapport aux habits dans la 1ère partie. Là, on entend sa voix par le biais de magnétophones. Dans un bloc blanc se cache un dressing avec des vêtements féminins noirs sauf un en rouge. L'écrivaine, à travers son rapport névrotique aux vêtements dont elle éprouvait enfant une attirance qui fut ensuite piétinée par la relation subie et incestueuse avec son père, relate le monde violent de cette perversion, bien que tue socialement. Puis au 2e étage, il y a une grande salle composée de tableaux d'Eduardo Arroyo qui montre la relation, au-delà de la littérature qui va jusqu'à leur passion commune pour la boxe, entre lui et Daniel Rondeau. Les salles se découpent en sections, dénommées chapitres, avec 2 grandes parties dans 2 lieux différents du musée qui sont le MOCO et le MOCO Panacée, distants de quelques centaines de mètres. Les chapitres ont un lien très fort entre eux dans chacune des parties mais relâchés entre celles-ci, l'approche adoptée étant différente. Dans la 1ère, c'est la relation entre un(e) écrivain(e) et un peintre qui est montrée. Dans la 2nde, c'est un auteur qui fait le choix d'un catalogue d'artistes avec respectivement Jakuta Alikarazovic et Jean-Baptiste Del Amo autour des thèmes respectifs de "Perdus dans mes pensées" et "αὐτοψία — Autopsía — voir par soi-même". Ainsi, l'exposition prend une autre direction avec la littérature vue comme média d'exploration de l'intime avec l'écrivaine Jakuta Alikarazovic qui nous invite à la découverte des œuvres qui l'ont marquée jusque dans ses écrits avec un ensemble de créations aussi variées que celles, entre autres, superbes d'originalité de Bianca Bondi, énigmatiques et mystérieuses de Tarek Lakhrissi et Dora Budor. Quant à Jean-Baptiste Del Amo et les créateurs qu'il a sélectionnés, l'intime fait place au caché et au refoulé avec la mort qui est paradoxalement occultée alors qu'elle est omniprésente dans notre monde de l'information et du divertissement. On la découvre comme figée, consumée et décomposée. Une vidéo de 32 minutes de Stan Brakhage, figure majeure du cinéma expérimental américain, montre le travail effectué dans une morgue à Pittsburg par des médecins légistes. Elle est particulièrement violente car on voit le découpage et l'évidage des corps. Plus loin, 108 négatifs de photos d'Antoine d'Agata de soldats russes morts durant la guerre actuelle avec l'Ukraine sont aussi présentés avec d'autres photos de cadavres dans d'autres espaces-temps et lieux. Ce sont ces différents regards croisés qui sont proposés sur une fatalité qui peut être causée pour des raisons aussi bien naturelles, accidentelles que criminelles. Ainsi l'exposition lie l'intimité de la mort à la poésie du verbe, la rudesse des photos à l'élégance du style, la sonorité de l'interpellation à la garde-robe du propos. Se mêle ainsi dans ses différentes expressions, la littérature avec son réel aussi bien pictural, sportif, cinématographique que photographique dans un kaléidoscope d'artistes pour nous immiscer dans une relation presque charnelle du mot avec un coup de pinceau, d'une phrase avec une couleur, d'un paragraphe avec une photo, d'un chapitre avec un tableau, d'un texte avec un film. ANSE AIDS Related Death 1992
"Between the lines. Art and Literature »
MO.CO. MOntpellier Contemporary
Temporary exhibition from March 2, 2024, to May 19, 2024
MO.CO. Tuesday to Sunday, from 11 am to 7 pm (June-September) and from 11 am to 6 pm (October-May) MO.CO. Panacée Wednesday to Sunday, from 11 am to 7 pm (June-September) and from 11 am to 6 pm (October-May)
Eduardo Arroyo, Robinson Crusoe, 1965, Huile sur toile, Collection Pimpi Arroyo It is a vast exploration of the relationship between literature and the arts that is offered at the MO.CO. in Montpellier. We discover beforehand the premises of what was to become art criticism with Diderot, Baudelaire, and Zola. The figures, among others, of Paul and Camille Claudel, Huysmann, Ingres, Beauvoir, Giacometti, Miro, Malraux are sketched to plunge us back into a time when the great writers up to the twentieth century could also be wise witnesses of artistic revolutions or discoverers of talent. Thus, it is a relationship between these 2 arts that is told to us over a period of nearly 250 years. In addition to some famous figures, there is also a film in which a dozen contemporary artists tell the story of their link to literature during their creative work. Then we discover the artistic relationships and complicity that can be established between artists with Maryline Desbiolles and Bernard Pagès, Daniel Rondeau and Eduardo Arroyo, Christine Angot and Patrick Bouchain with a side step for Angot and his relationship to clothes in the 1st part. Eduardo ARROYO Moby Dick, 2018 There, his voice can be heard through tape recorders. In a white block hides a dressing room with black women's clothes except for one in red. The writer, through her neurotic relationship with the clothes to which she felt an attraction as a child that was then trampled by the endured and incestuous relationship with her father, recounts the violent world of this perversion, although socially killing. Then on the 2nd floor, there is a large room made up of paintings by Eduardo Arroyo that shows the relationship, beyond the literature that goes as far as their common passion for boxing, between him and Daniel Rondeau. The rooms are divided into sections, called chapters, with 2 large parts in 2 different places of the museum, which are the MOCO and the MOCO Panacea, a few hundred meters apart. The chapters have a very strong link between them in each of the parts but loose between them, the approach adopted being different. In the 1st part, it is the relationship between a writer and a painter that is shown. In the 2nd, it is an author who chooses a catalogue of artists with respectively Jakuta Alikarazovic and Jean-Baptiste Del Amo around the respective themes of "Lost in my thoughts" and "αὐτοψία — Autopsía — see for oneself". Thus, the exhibition takes another direction with literature seen as a medium for exploring the intimate with the writer Jakuta Alikarazovic who invites us to discover the works that have marked her even in her writings with a set of creations as varied as, among others, those superb in originality by Bianca Bondi, enigmatic and mysterious by Tarek Lakhrissi and Dora Budor. As for Jean-Baptiste Del Amo and the creators he has selected, the intimate gives way to the hidden and the repressed with death which is paradoxically concealed while it is omnipresent in our world of information and entertainment. We discover it as frozen, consumed and decomposed. A 32-minute video by Stan Brakhage, a major figure in American experimental cinema, shows the work done in a morgue in Pittsburgh by forensic pathologists. It is particularly violent because we see the cutting up and hollowing out of the bodies. Further on, 108 negatives of Antoine d'Agata's photos of Russian soldiers who died during the current war with Ukraine are also presented along with other photos of corpses in other space-times and places. It is these different perspectives that are proposed on a fatality that can be caused for natural, accidental, or criminal reasons. Thus, the exhibition links the intimacy of death to the poetry of the word, the harshness of the photos to the elegance of the style, the sonority of the interpellation to the wardrobe of the subject. Literature and its pictorial, sporting, cinematographic and photographic reality are thus mixed in a kaleidoscope of artists in its various expressions to immerse us in an almost carnal relationship between the word and a brushstroke, a sentence with a colour, a paragraph with a photo, a chapter with a table, a text with a film.
« Visions chamaniques. Arts de l’ayahuasca en Amazonie péruvienne »
Musée du Quai Branly - Jacques Chirac
Exposition temporaire du 14 novembre 2023 au 26 mai 2024
Le mardi, mercredi, vendredi, samedi, dimanche : 10h30-19h00 Le jeudi : 10h30-22h00
Le musée du Quai Branly - Jacques Chirac nous emmène vers les terres péruviennes à la découverte de la culture chamanique où imaginaire et réel, au sens lacanien du terme, deviennent possibles. Dans une vaste rétrospective, l'exposition débute au sein du peuple Shipibo-Konibo à la découverte de sa culture, de l’ayahuasca et de son héritage avec la peinture, la musique psychédélique et underground, la Beat Generation en passant par la recherche scientifique pour déceler le mystère psychotrope de ce breuvage.
L’exposition est une vaste exploration de la culture chamanique et l’ayahuasca (« liane des morts » en quechua) qui désigne à la fois une liane du bassin amazonien et un breuvage concocté à partir de celle-ci. Elle est une invitation à découvrir la culture du peuple autochtone péruvien, Shipibo-Konibo, ayant gardé aujourd'hui encore toute son authenticité, ainsi que son héritage jusqu’aux contrées de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Elle utilise des supports aussi riches et variés que la réalité virtuelle, le film, la vidéo, la photo, les objets, le dessin et la peinture. Elle est composée de différentes sections dont la 1ère concerne les représentations graphiques, appelées kenés et effectuées sur différents supports tels que la poterie, le textile ou la sculpture. On y découvre la signification de ces figures artistiques et géométriques grâce à un film. De superbes photos de David Díaz Gonzalez nous fait aussi entrer dans l'intimité d'une famille Shipibo-Konibo. Ce qui est mis en lumière n’est pas uniquement cette plongée dans la culture chamanique mais aussi cette double-vision d’un monde occidental, avec son côté rationnel, se lançant dans une recherche scientifique durant des décennies pour comprendre les effets psychotropes de l’ayahuasca et son pendant artistique où durant la 2nde moitié du XXe siècle, avec le tourisme chamanique, de nombreux artistes ont découvert ce breuvage. Une floraison de courants et d’expériences artistiques ont pris naissance avec, entre autres, la musique psychédélique et underground dans les années 60. On y voit aussi la figure d’Alan Ginsberg (1926-1997), l’un des fondateurs de la Beat Generation dans les années 50 avec Jack Kerouac (1922-1969). Plus proche de nous, le réalisateur et scénariste français Jan Kounen avec son film « Kosmik Journey » clôt l’exposition. Avec un casque sur les yeux et un autre sur les oreilles, il nous fait plonger dans un monde de réalité virtuelle où il retranscrit son expérience de l’ayahuasca. Le spectateur bascule sur des visions alimentées par un imaginaire débridé et un réel absent. Autre paradoxe, les substances qualifiées d’hallucinogènes occupent une place importante dans de nombreuses sociétés autochtones d’Amérique latine. A tel point qu’au Pérou, l’ayahuasca et son utilisation traditionnelle par les communautés natives de l’Amazonie sont élevées au rang de Patrimoine culturel de la Nation depuis 2008 alors qu’en France, il est inscrit au registre des stupéfiants. Aux Etats-Unis, il a été autorisé en 2006 dans le cadre strict d’une pratique religieuse. L’exposition fait aussi un focus sur l’héritage de la culture chamanique du peuple Shipibo-Konibo qui a su garder son authenticité face à des influences diverses. Elle est très riche grâce aux différents médias utilisés pour nous faire découvrir une culture qui n'a pas perdu de son authenticité tout en ayant réussi à influencer les arts musicaux, littéraires et picturales d'Occident.
"Shamanic visions. Ayahuasca Arts in the Peruvian Amazon »
Temporary exhibition from November 14, 2023, to May 26, 2024
Tuesday, Wednesday, Friday, Saturday, Sunday: 10:30 a.m. to 7:00 p.m. Thursday: 10:30 a.m. to 10:00 p.m.
The Musée du Quai Branly - Jacques Chirac takes us to Peruvian lands to discover shamanic culture where the imaginary and the real, in the Lacanian sense of the term, become possible. In a vast retrospective, the exhibition begins with the Shipibo-Konibo people discovering their culture, ayahuasca and its heritage with painting, psychedelic and underground music, the Beat Generation, and scientific research to unravel the psychotropic mystery of this beverage.
The exhibition is a vast exploration of shamanic culture and ayahuasca ("vine of the dead" in Quechua), which refers to both a vine from the Amazon basin and a beverage concocted from it. It is an invitation to discover the culture of the Peruvian Indigenous people, Shipibo-Konibo, who have kept all their authenticity today, as well as their heritage as far as Europe and North America. It uses media as rich and varied as virtual reality, film, video, photography, objects, drawing and painting. It is made up of different sections, the 1st of which concerns graphic representations, called kenés and made on different media such as pottery, textiles, or sculpture. We discover the meaning of these artistic and geometric figures thanks to a film. Superb photos by David Díaz Gonzalez also take us into the intimacy of a Shipibo-Konibo family. What is brought to light is not only this dive into shamanic culture but also this double vision of a Western world, with its rational side, embarking on scientific research for decades to understand the psychotropic effects of ayahuasca and its artistic counterpart where during the 2nd half of the twentieth century, with shamanic tourism, Many artists have discovered this beverage. A flowering of artistic currents and experiments was born with, among others, psychedelic and underground music in the 60s. We also see the figure of Alan Ginsberg (1926-1997), one of the founders of the Beat Generation in the 50s along with Jack Kerouac (1922-1969). Closer to home, French director and screenwriter Jan Kounen closes the exhibition with his film "Kosmik Journey". With a headset over his eyes and another over his ears, he plunges us into a virtual reality world where he transcribes his experience of ayahuasca. The viewer shifts to visions fuelled by an unbridled imagination and an absent reality. Another paradox is that substances described as hallucinogens occupy a prominent place in many Indigenous societies in Latin America. So much so that in Peru, ayahuasca and its traditional use by the native communities of the Amazon have been elevated to the rank of Cultural Heritage of the Nation since 2008 while in France, it is registered in the register of narcotics. In the United States, it was authorized in 2006 as a strict religious practice. The exhibition also focuses on the heritage of the shamanic culture of the Shipibo-Konibo people, who have been able to keep their authenticity in the face of various influences. It is extraordinarily rich thanks to the different media used to make us discover a culture that has not lost its authenticity while having managed to influence the musical, literary and pictorial arts of the West.
L’ETHNOLOGIE VA VOUS SURPRENDRE !
Deux jours pour explorer le 21e siècle
L’ethnologie va vous surprendre ! revient pour un sixième rendez-vous les 2 et 3 mars. L'événement place cette année au cœur de sa programmation le corps, et plus précisément le dépassement du corps. Depuis 2013, le musée du quai Branly – Jacques Chirac met à l’honneur jeunes ethnologues, artistes et chercheurs de renom lors d’un week-end biennal consacré à l’ethnologie. Science en plein renouvellement, fondée sur des enquêtes de terrains – lointains ou proches, et sur des archives, l’ethnologie permet de mieux appréhender la complexité et la variété de nos sociétés et formes culturelles. Les éditions précédentes ont rassemblé près de 20 000 visiteurs chacune.
Pour aborder ces enjeux autour du corps, quatre Grandes conférences ponctuent le week-end autour de la lecture de rituels mettant en jeu le corps, ses modifications et ses limites physiologiques en présence d’une dizaine d’intervenants parmi lesquels : Stéphane Breton, cinéaste et ethnologue, directeur d’études à l’EHESS, Anne-Christine Taylor, anthropologue, directrice de recherche émérite au CNRS, Volmir Cordeiro, chorégraphe et danseur-chercheur, Laura Flety, anthropologue de la danse actuellement à la Casa de Velázquez (Madrid), Pierre Lemonnier, directeur de recherche émérite au CNRS, Nathan Schlanger, professeur d'archéologie à l'École nationale de chartes à Paris, Lilian Thuram, ancien champion du Monde et d’Europe de Football, à l’origine de la fondation Éducation contre le racisme, Philippe Charlier, médecin légiste, archéologue et anthropologue. Au programme également, des mini-conférences interactives et visuelles, les Têtes chercheuses. Elles évoquent entre autres, le pouvoir du corps dans la danse balinaise, les voyages chamaniques et les pélerinages psychédéliques en Amazonie péruvienne, le travail du corps et le travail politique dans les pratiques féministes de loisirs, le rugby du pacifique... Tout le week-end, commentaires d’œuvres et visites flash des collections sont proposés pour tous les publics, jeunes, familles et curieux. Le samedi 2 mars, le musée propose une soirée exceptionnelle jusqu’à minuit avec des visites inédites au cœur des collections ainsi que des performances programmées en collaboration avec le CND Centre national de la danse dans le théâtre Claude Lévi-Strauss et sur le plateau des Collections et apport le regard d’artistes contemporains sur le corps : un cabaret Drag King proposé par la Kings Factory, le solo Outrar du chorégraphe brésilien Volmir Cordeiro – créé sur une proposition de la chorégraphe Lia Rodrigues, un show pédagogique autour du krump du chorégraphe Grichka Caruge, un battle surprise par la compagnie Art-Track. Et parce qu’il est précisément question de corps et de mouvement, c’est sur le dancefloor que se termine la soirée au son d’un DJ set. Les cinéphiles ne sont pas oubliés avec trois films à découvrir : Danser l’espoir, portrait de Germaine Acogny de Vali Fugulin et Martin Morissette, autour de la grande chorégraphe qui a fait émerger la danse contemporaine africaine. Un film documentaire du réalisateur-anthropologue Emilio Domingos, La Bataille du Passinho qui revient sur cette danse, le Passinho, originaire des favelas et issue du Baila funk, qui a explosé en 2008, transformant significativement le visage des faubourgs de Rio de Janeiro. De Humani Corporis Fabrica de Verena Paravel et Lucien Castaing-Taylor, présenté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2022, une incroyable aventure intérieure qui ouvre aujourd’hui le corps au cinéma où l'on y découvre que la chair humaine est un paysage inouï qui n'existe que grâce aux regards et aux attentions des autres. Enfin, le salon de lecture Jacques Kerchache propose durant le week-end une sélection originale de bandes dessinées en lien avec le corps
Les danses indiennes d'hier à aujourd'hui
Une conférence dansée de l'artiste Mahina Khanum
Le sous-continent indien est riche d'une multitude de traditions dansées. Des danses sacrées aux danses de cinéma, des cours royales du Rajasthan jusqu’aux nightclubs de Mumbai, cette conférence dansée propose de mettre en relief les grandes dynamiques qui ont traversé plusieurs siècles de créativité artistique. Les élèves des Conservatoires Hector Berlioz et Jean Wiéner, et de l'Association Indian Arts Lab ponctueront cette présentation de démonstrations chorégraphiques, avant de convier le public à s'essayer à quelques pas de danse. Mahina Khanum est danseuse, chorégraphe et professeure de danses indiennes. Elle est actuellement artiste en résidence au Conservatoire du 10ème Hector Berlioz et professeure au Conservatoire de Bobigny Jean Wiéner. Elle a été formée en danse traditionnelle Odissi, après l’obtention d’une bourse d’excellence décernée par le Gouvernement indien (Indian Council for Cultural Relations). Elle est également diplômée en langues et littératures indiennes auprès de l’Institut National des Langues et Civilisations orientales (INALCO, Paris). Son travail s’articule autour de la promotion et de la transmission des arts scéniques indiens et des danses du cinéma populaire, insistant sur l’héritage philosophique et culturel que ces formes chorégraphiques véhiculent.
GUDIRR, GUDIRR, L'APPEL DE L'OISEAUDanse contemporaine
REPRÉSENTATIONS / Vendredi 9 juin 2023, 20h / Samedi 10 juin 2023, 18h – La représentation sera suivie d’un échange avec les artistes du spectacle / Dimanche 11 juin 2023, 17h Théâtre Claude Lévi-Strauss (niveau -1) Durée : 1h05 TARIFS 20€ / 15€ / 10€ Le billet du spectacle donne accès aux collections permanentes et aux expositions temporaires du moment le jour de la représentation. GUDIRR, GUDIRR, L'APPEL DE L'OISEAU ************************************************************************************************* Une installation vidéo en triptyque, conçue à partir du spectacle et filmée dans les territoires du nord-ouest australiens, est présentée parallèlement aux représentations. Durée : 22 mn Du samedi 3 au dimanche 11 juin 2023 Foyer du théâtre Claude Lévi-Strauss, accès gratuit
A l’occasion de l’exposition "Songlines, Chant des pistes du désert australien" le musée vous invite à une découverte de la création contemporaine australienne. DANS LE CADRE DU CYCLE "EXPRESSIONS CONTEMPORAINES AUSTRALIENNES" Compagnie Marrugeku Dalisa Pigram et Koen Augustijnen Œuvre solo de Dalisa Pigram, chorégraphe, danseuse et co-fondatrice de la compagnie Marrugeku, Gudirr Gudirr trace un chemin entre un passé brisé et un présent fragile, avec pour ligne d’horizon un avenir encore en devenir. Gudirr Gudirr est une alerte, celle de l’oiseau guwayi qui appelle lorsque la marée tourne : manquer l’appel, c’est se noyer. Avec une présence rare, Dalisa Pigram, en fait un solo intime et intense, mêlant danse et vidéo, habité tour à tour par l’hésitation, l’impatience, la résilience et la colère. La pièce examine l’héritage de l’histoire de l’Australie pour les populations aborigènes du nord-ouest et pose la question suivante : comment décoloniser l’esprit des Aborigènes, déverrouiller les portes, et faire face au changement culturel ? Spectacle conseillé à partir de 12 ans (certaines scènes peuvent heurter la sensibilité du jeune public). La compagnie Marrugeku Marrugeku est l’une des principales compagnies de danse contemporaine en Australie. Constituée d’artistes aborigènes et non-aborigènes venant de divers horizons, elle se consacre à développer de nouveaux langages chorégraphiques, destinés à construire des ponts entre les danses urbaines et traditionnelles, entre les situations locales et globales. La chorégraphe et danseuse Dalisa Pigram et la dramaturge Rachael Swain, qui codirigent Marrugeku, travaillent ensemble depuis 27 ans, concevant les productions et transmettant au public les structures uniques des systèmes traditionnels aborigènes et la puissance de l'expérience interculturelle. Leurs productions ont été présentées sur les scènes du monde entier.
SONGLINES. CHANT DES PISTES DU DÉSERT AUSTRALIEN
Musée du quai Branly - Jacques Chirac Exposition temporaire / Galerie JardinDu 4 avril au 2 juillet 2023
Yarrkalpa (Hunting Ground) 2013 by Kumpaya Girgirba, Yikartu Bumba, Kanu Nancy Taylor, Ngamaru Bidu, Janice Yuwali Nixon, Reena Rogers, Thelma Judson and Nola Ngalangka Taylor, Martumili Artists © the artists/Copyright Agency 2020 Image: National Museum of AustraliaPlongée au cœur du monde des premières nations australiennes, l’exposition Songlines invite à une traversée de plusieurs régions désertiques du centre et de l’ouest de l’Australie, sur la piste des Sept Sœurs, l’un des récits fondateurs les plus vastes et les plus importants de ce pays-continent. Entièrement conçue par les communautés autochtones dont les savoirs et les œuvres sont présentés, l’exposition propose au visiteur d’expérimenter une perception aborigène du monde, scénographie immersive à l’appui. Songlines. Chant des pistes du désert australien* retrace l’une des plus grandes épopées que compte l’Australie autochtone. Une histoire dans laquelle Sept Sœurs sont poursuivies sans relâche par un sorcier ayant la capacité de se métamorphoser à tout moment. Au fil de cette course poursuite, les protagonistes parcourent plusieurs régions du centre et de l’ouest du pays, passant par trois états et trois déserts. Leur périple, sans cesse réitéré, marques les territoires. Les nombreuses rencontres entre les Sept Sœurs et le sorcier se reflètent et se rejouent dans les paysages, les cours d’eau souterrains et le ciel nocturne, notamment dans la constellation d’Orion et l’amas d’étoiles des Pléiades. Avec près de vingt installations multimédia et plus de deux cents peintures, photographies et objets d’art, l’exposition s’articule autour du DomeLab, un dispositif immersif de 7 mètres de hauteur et six mètres de diamètre sous lequel les visiteurs découvrent les œuvres d’art rupestre du site de Walinynga (Cave Hill) représentant les Sept Sœurs et une animation de ce récit à partir d’œuvres clés présentées dans l’exposition. Sous le dôme, conçu et développé pour offrir une expérience multidimensionnelle et multisensorielle, les visiteurs se laissent transporter. En passant d’une œuvre et d’une installation à l’autre, comme autant de portails qui ouvrent sur les lieux ainsi racontés, ils sont invités à « suivre la piste » de ces chants ancestraux, qui façonnent les paysages comme le rapport au monde de l’Australie aborigène. Mémoire des populations aborigènes Depuis des centaines de millénaires, la mémoire des populations autochtones d’Australie se propage à travers les paroles des aînés, des histoires que l’on conte en peinture, en cérémonies et en chants. Transmises de génération en génération, ces songlines – ou « chants des pistes » – guident les pas des membres des communautés aborigènes à travers les territoires auxquels ils appartiennent. Bien plus que des récits légendaires, ce sont de véritables corridors de savoirs, des chemins tracés au fil des millénaires qui renferment les règles fondamentales de la cohabitation sociale et des connaissances écologiques, astronomiques ou géographiques essentielles à la vie. Les songlines représentent à la fois une voie spirituelle, des codes moraux et l’instrument qui permet de nommer, de localiser les sites importants où trouver l’eau et la nourriture, essentiels à la survie dans le désert, et de s’en souvenir. Selon Margo Neale, conservatrice en chef au National Museum of Australia et commissaire générale de l’exposition: « Songlines est un terme transculturel, un passeport vers un savoir profond, ancré dans les territoires que nous partageons aujourd’hui. Ce sont nos histoires fondatrices, celles de la création du continent australien, essentielles au sentiment d’appartenance de tous ses habitants. ».Un projet de sauvegarde Née d’un projet lancé en 2010 par un groupe d’aînés anangu, issus des terres APY (Anangu Pitjantjatjara Yankunytjatjara) dans le centre de l’Australie, l’exposition est une première mondiale de par son ampleur et sa complexité. Ce projet avait pour finalité de préserver les récits des Sept Sœurs pour les générations futures et, plus largement, de donner à voir et à comprendre ce que sont les songlines au plus grand nombre. Réalisé par le National Museum of Australia avec le soutien de the Australian National University, il a obtenu de la part du Conseil de recherches australien les fonds qui ont permis d’entreprendre le programme de recherche sans précédent intitulé Alive with the Dreaming! Songlines of the Western Desert (Vivre avec le Rêve, les songlines du Désert Occidental) duquel découle l’exposition. Grâce à cette mobilisation, les recherches pluri-disciplinaires puisant dans les champs des savoirs aborigènes comme occidentaux ont permis d’intégrer les données collectées aux archives numériques de la base Ara Irititja gérées par membres des communautés autochtones, à Alice Springs. *Traduction de Jacques Chabert pour le titre français de l’ouvrage The Songlines de Bruce Chatwin : Le Chant des pistes de Bruce Chatwin © Editions Grasset & Fasquelle, 1988.>
IMPRIMER ! L'EUROPE DE GUTENBERG
BnF | François-Mitterrand - Galerie 2 12th of April to 16th of July, 2023
Danse dans la rue…Danse à la rue ?
La rue n’est pas à priori l’écrin rêvé pour danser, pourtant bien des artistes utilisent cette scène ouverte car elle est gratuite et accessible (dans une certaine mesure). Un « Théâtre à ciel ouvert » est alors créé avec plus ou moins de moyens.
La danse urbaine au sens actuel :
Selon Google : La danse urbaine est un mouvement social apparu dans les communautés afro-américaine et latino, qui, avec le temps, s'est complexifié. « C'est un moyen d'émancipation et d'expression qui a donné la parole à des gens qui ne l'avaient pas » Ce qui était novateur à l’origine avec ces danses urbaines, c’est que l’entraînement, la création et le spectacle se déroulaient dans la rue. L’artiste s’adaptait totalement à son milieu. Aujourd’hui, cet art s’intègre très bien au spectacle théâtral et dispose souvent de lieux spécifiques à son travail.
Trois exemples d’autres danses « aussi » urbaines :
Ida Coleman (Professeur de Flamenco) S’exprime ainsi « La danse flamenco par essence est une danse de rue " de calle" comme disent les gens en Andalousie car c'est là qu'elle est née. Avec ma compagnie de danseurs nous avons d’une part été obligés de danser dans la rue pendant la pandémie et d’autre part nous avons eu l'occasion de danser souvent dans les rues de Séville lors de la Féria. Ce furent de belles expériences car la danse a pu ainsi se montrer »
MulVaBé Danse et Cyberdanse Paris participent aux « Kiosques en fête » avec la ville de Paris ou aux manifestations organisées dans les jardins publics des 6ème et 10ème arrondissements. Monika Knap notre professeur de French cancan adapte alors ses démonstrations à l’espace ouvert, au sol, à l’environnement etc... Parisiens et touristes apprécient ces animations joyeuses. La pandémie a aussi été l’occasion d’expériences assez étonnantes et surréalistes en milieu urbain.
Anne Quercy propose un atelier de « gymnastique et équilibre » qui fonctionne depuis trois ans chaque lundi en espace ouvert, dans le cadre du Pôle Citoyen de la Mairie du 4e. Elle a dû aussi s'adapter à la rue au moment du COVID. Il y a un aspect social et ludique à "bouger" et "danser" ainsi dans la rue : intérêt ou curiosité des passants, amusement et bienveillance des habitués, utilisation des éléments urbains : pavés, murs, arbres, grilles, sensations climatiques…
Bref…Oui…Mais : Oui l’art peut naître dans la rue ou s’y adapter… mais tout comme le SDF, s’il ne peut avoir son espace propre, il finira par mourir à force d’être exclu… « Home sweet home ».
Bénédicte O’Hara
MulVaBé Danse https://www.mulvabe.com/ Cyberdanse Paris https://cyberdanseparis.business.site/?utm_source=gmb&utm_medium=referral Monika Knap https://lefrenchcancan.com/ Ida Flamenca https://www.facebook.com/groups/1366197916727377/user/100006951433833/ Anne Quercy contacter MulVaBe Danse